samedi 16 mai 2009

La relativité de la conscience

Qu’est-ce qui détermine la forme et la séparation entre les différentes formes, ainsi que le mot, au-delà de la sémantique, qui est associé à cette forme ? Et bien la sensibilité, et la perception que nous avons de la forme. Puis plus profondément la manière dont la conscience rend compte de cette forme, c’est elle qui nommera. Mais elle ne peux séparer ni nommer ce qu’elle ne perçoit pas, si ce n’est à travers la projection de ce qu’elle connaît, donc qu’elle a un jour perçu. Ainsi, notre perception des formes et toute la conscience de la réalité sont conditionnées par les sens que le créateur a bien voulu nous doter.

Je vais illustrer ceci par une histoire qui va plaire à ceux qui aiment ce genre d’histoire, et à ceux qui s’intéressent à la vie extraterrestre : Trois êtres un jour prirent contact avec moi. Une sorte de contact télépathique, mais plus que cela une sorte d’empathie des sens qui me fit rentrer en communion avec leur esprit. La particularité de ces êtres est qu’ils n’étaient pas de notre monde. 1m à 1m20, une énorme tête comme un ballon de rugby allongé vers l’arrière et le haut sur un cou frêle, pas de cheveux, d’énormes yeux noirs et ovales de chaque coté de la tête genre petit gris. Le corps et les membres maigres, une peau verdâtre genre peau de batracien, de longs doigts avec des ventouses sur la dernière phalange … Je m’arrêterais là, pas très engageant.

Je vécus presque deux semaines à travers leur esprit et ils vécurent de même à travers le mien. Je devais leur paraître curieux, car enfin, j’avais pleinement conscience de leur présence. Ils voyaient, entendaient, percevaient le monde à travers mes propres sens. Et c’était la même chose dans l’autre sens. Et ils m’étudiaient sur leur monde, à travers le ou les individus qui conservaient cette empathie avec moi, comme je découvrais leur propre civilisation. Une civilisation technologique fort avancée. Des cités style science fiction, mais surtout beaucoup d’appareils et de machines auxquels je ne comprenait rien. Je n’aimais pas me trouver là, car je perdais pied d’avec la réalité d’ici. Je suis même rentré à travers eux en contact avec d’autres espèces sur leur monde, avec lesquelles ils rentrent en empathie de la même manière, pas aussi intelligente semble-t-il, mais en affinité de conscience avec eux.

Je découvrais que cette espèce avait développé un sens que nous ne possédons pas, une sorte de sens parapsychique qui les plaçait en communion d’esprit avec leurs congénères formant une sorte d'esprit collectif, un sens dont nous n’avons pas idée, et dont notre organisme ne possède aucune structure pour le développer. Tellement étranger à notre espèce que ça en bouleversait ma propre conscience de l’ici et maintenant, j’en était profondément affecté, cela n’avait rien d’humain. Par ailleurs, je découvrais également que la perception visuelle des choses qui les entouraient était très différente de la notre. Ils voyaient tout dans les tons de vert et de manière assez terne. Nulle couleur dans leur regard en dehors du vert. Toute la beauté des couleurs leur échappait totalement, et s’ils voyaient les couleurs à travers mes yeux, je ne doute pas qu’ils puissent être aussi désorientés que moi à percevoir à travers leurs facultés parapsychiques.

Ce contact était fort désagréable. Ces créatures n’avaient pas d’âme. Certes, un esprit fort développé, certainement une grande intelligence d’esprit, mais c’était vide de cœur, de présence, la froideur et la rationalité d’esprits sans cœur, écœurant ! Psychiquement parlant, au fil des jours, ma conscience s’imprégnait de plus en plus de leur nature au point qu’intérieurement je me percevais presque moi-même comme un extra-terrestre. J’acceptais le contact aussi longtemps que je pus, pour l’expérience elle-même, mais finalement je dû le rompre. J’ai fermé mon esprit, et tout est rentré dans l’ordre.

Je vais revenir sur cette histoire de couleurs et de conscience. J’ai pris l’exemple d’extra-terrestres, car c’est flagrant, mais j’aurai pu prendre l’exemple de choses plus proches de nous. La conscience et sa manière de séparer les choses, de les nommer, se détermine sur la perception même que nous avons de ces choses. Ainsi ces créatures sont bien incapable de concevoir ce qu’est la couleur, d’en avoir même l’idée. Peut-être ont-elles inventé un appareil qui mesure les spectres lumineux, comme nous mesurons les spectres radars, mais elle ne connaissent pas cette beauté du monde. Si elles ont pris contact avec moi, c’est probablement parce qu’elles ont croisé un esprit capable de les recevoir. Peut-être est-ce leur manière d’explorer l’univers. Je ne le saurais pas car je n’accepterais pas un autre contact. Mais j’imagine toutes les merveilles de la création qui nous échappent totalement parce que nous n’avons pas les sens adéquates.

jeudi 16 avril 2009

Le sens de la Vie

" Le sens de la vie est-il un éternel recommencement ? Ou bien une possible transformation ? Qu'est-ce que le Service à L'Etre suprême ? Que signifie vraiment : servir Dieu... ? Comment cela est-il rendu possible dans notre quotidien ? comment faire de l'Action une Oeuvre Divine ? l'Oeuvre authentiquement vécue du Divin ? "

Il n’y a pas de recommencement. Le sens de la vie est la vie elle-même, elle est l’essence même du Seigneur qui insuffle celle-ci à tous les niveaux de la création, chaque fois qu’il s’y introduit d’une manière ou d’une autre, car la vie est Lui-même. L’orgueil de l’homme se l’approprie, mais notre vie, celle que nous portons en notre chair et notre âme n’est pas séparée de Lui. La vie est un lent processus d’évolution de la matière inerte vers sa source créatrice, qui est organisation du chaos, de l’incréé, par le créateur, vers une perfection où les deux seront parfaitement modelés l’un sur l’autre, comme le pot qui est modelé autour de son propre vide, afin que sa fonctionnalité soit parfaite.

Ce qui revient à nous poser la question de la fonctionnalité de la création, donc de la vie qui l’habite. L’on ne peut répondre à cette question que si l’on sort de sa petite vie personnelle, pour voir la vie et l’évolution dans son ensemble, aussi loin que nous le permet notre nature, c’est à dire par le regard de Dieu Lui-même. La création apparaît alors comme faisant partie du processus d’évolution du Créateur lui-même, car Dieu n’est pas statique comme certaines traditions veulent nous le faire croire mais profondément évolutif, il porte l’évolution en lui-même et à ce titre il est dans sa nature de créer, dans l’inconnu permanent, l’amour, et la vie, rien ne se crée hors de Lui-même.

Mais la transformation, vue de notre regard, se fait dans la forme. Ce qui est au-delà du temps et de l’espace, même s’il porte une forme dynamique et évolutive, demeure en permanence dans la stabilité et le silence de l’innommable. Ce n’est d’ailleurs pas la même forme et dynamique que celle que l’on rencontre dans la création, inutile donc de chercher à se la représenter, car ses lois en sont différentes.

Mais Dieu a sa propre profondeur, et qui dit profondeur dit changement, une profondeur tellement inimaginable que la création tout entière n’apparaît plus que comme une particule infinitésimale. De quoi se donner le vertige. Mais à la dimension de Dieu nul problème, et les dimensions sont tout à fait relatives, l’esprit peut devenir aussi vaste que cela, aussi profond que Dieu, ou aussi infinitésimal qu’une particule.

Celui qui rompt la séparation d’avec l’absolu devient celui-ci. Le reste de l’individualité reconnaissant sa propre origine se soumet, mais non pas la soumission qui se laisse dominer, mais celle qui s’abandonne au Souffle parce que ce Souffle-là est l’essence de Soi et sans ce souffle nous devenons mortel, l’autre penchant de la vie qui n’est en fait que l’absence de vie, l’ignorance.

Retrouveriez-vous la vue que vous souhaiteriez redevenir aveugle ? ou bien découvrir les merveilles de la Lumière et la beauté de ses couleurs. Mais ces couleurs-là sont essentielle pour donner le Sens, il n’y a alors plus de question sur celui-ci, cela parait tellement évident, que l’on en oublie presque que l’aveuglement ait existé, si ce n’est par le rappel constant de ceux qui s’efforcent à y rester. Il n’y a plus alors de service, mais seulement le mouvement de la Nature, la nature de l’essence bien entendu, qui reste au service car l’amour est don, sans que le don ne se rende vraiment compte de sa qualité exceptionnelle, étant devenu la norme même de la Vie.

Jean-Michel Jutge.

samedi 14 mars 2009

Les voies de Dieu

Nul ne peut prétendre connaître les voies de Dieu. Penser qu'il est dépendant de nos intentions, nos sentiments, notre bon vouloir, c'est le ramener sur le plan des conditionnements humains, là où nous ne savons que réagir en fonction de l'autre et des circonstances. C'est ramener Dieu à notre absence de liberté.

L'acte de Dieu n'est pas conditionné par l'appel. Il peut intervenir envers celui qui ne l'attend pas, l'athée le plus profond, le matérialiste, ou celui qui est enfoui dans l'obscurité du monde, comme il peut ne pas répondre à celui qui l'attend et qui l'appelle, qui espère et qui aspire. Les choix de Dieu ne peuvent être appréhendés par notre esprit humain trop étroit. Tout au plus pouvons-nous espérer qu'il nous révèle une parcelle de ses plans pour la création, l'humanité, et soi-même.

Et lorsque Dieu s'exprime ainsi, directement, il est une brûlure qui nous arrache à notre vie, et nous en crée une autre. La personnalité qui aspire est insignifiante, elle est balayée comme le reste de l'usurpateur. Dieu s'adresse à l'humain. Mourrez intérieurement, vous saurez ce qu'est l'humain.

Mais s'il vous demande votre consentement, c'est qu'il vous considère déjà comme son fils, et sa fille, c'est qu'il s'adresse à l'être bien vivant de votre coeur qui s'est reconnu en Lui. Il ne demandera pas le consentement de la créature et de la bête. Il la laissera croupir dans sa boue ou l'anéantira.

Et si c'est Dieu qui l'a voulu, réellement, il n'y a pas de honte à le dire, il y a juste à baisser la tête, et à prendre la voie qu'il a choisis pour nous. Mais il est vrai aussi que l'homme s'illusionne beaucoup, et que les mots peuvent être une fuite. Mais c'est une erreur que de croire qu'il est seulement la main bienveillante. Il peut aussi nous mettre des claques, et des coups de pieds au derrière. Bienheureux celui qui se ramasse ces coups de pieds là car il est sous Son regard.

Jean-Michel Jutge

samedi 21 février 2009

Le monde rebelle

Le monde rebelle était présent dans l'homme bien avant que le divin ne s'y installe. Il a donc étroitement structuré la conscience humaine et son vital. On peut même dire qu'à sa manière il a participé un temps à l'évolution de la conscience, mais dans le domaine de la survie principalement. Et lorsque l'homme a su raisonner, il a naturellement intégré les mondes rebelles dans son culte. Jusqu'à ce que Dieu s'impose à lui pour se révéler, et le faire monter d'un cran dans l'évolution.

Ce fut le premier souffle, celui qui est rentré dans les narines d'Adam et de toute une part de l'humanité pour l'élever. Et l'homme a gouté à la divinité, l'humilité, la simplicité, l'innocence, l'immortalité, recevant la parole divine chaque jour directement des Cieux, cette parole qui constituait l'arbre de vie.

En même temps que Dieu s'est introduit dans l'esprit et le corps des hommes en y créant une âme, il a mis à jour et révélé tous les sous-produits de la création, montrant à ces mêmes hommes ce qu'étaient les mondes de la conscience involuée et du vital et leurs habitants. Il a recouvert ces mondes du manteau du serpent afin qu'ils soient reconnus par l'homme, lui recommandant de ne jamais redescendre en son corps, celui du serpent, regarder toujours vers la lumière, car l'homme encore jeune de sa divinité n'avait pas l'expérience de la chute.

Mais il se produisit une schisme en ce peuple, l'ambition du pouvoir, du contrôle et de la domination naquis chez certains de ceux à qui il avait été tout offert, ou la simple tentation de "voir ce que cela ferait". L'esprit se referma sur lui-même entrainant l'âme dans sa chute et perdant le lien avec le ciel, l'arbre de la Parole fut brisé et l'arbre de la connaissance naquis, car la connaissance vint remplacer ce grand vide de l'âme qui avait perdu la source de sa propre vie.

Avec le temps la chute grandit, et plus la chute était grande plus le vide était grand, la mort et l'animalité repris ses droits. Et dans ce grand vide existentiel qui se créait en l'homme le monde rebelle trouva l'aubaine d'une exploitation nouvelle, l'enfant de Dieu avait renié son origine, il y avait là une place à prendre, et les dieux et les êtres qui surent exploiter cette aubaine grandirent et gagnèrent en puissance en trouvant le moyen d'exploiter à la fois les faiblesses de l'homme, son vide existentiel et l'avidité qui en naissait, et la présence en cet être d'un pouvoir créateur et d'une âme dont eux-même ont toujours été privé.

Ils ont su trouver la symbiose nécessaire pour leur propre croissance, le peu d'âme qu'ils manifestent est toujours celle empruntée à l'homme. L'humanité subit un parasitage au coeur même de sa conscience et de son vital. L'ego n'est rien d'autre qu'une illusion soufflée par l'esprit malin et qui a pris suffisamment de consistance pour nous aveugler sur notre réalité. Le véritable humain est ailleurs.

Briser les chaines de cette illusion est extrêmement difficile car cela est au coeur même de nos personnalités et la compose. Les dieux, les djins, les asuras des cultures polythéistes ne sont qu'un aspect du problème, mais il est un fait, c'est qu'en dehors des humains aucun ne possède un âme ni ne peut accéder au divin.

Même le plus grand des dieux, aussi près du ciel qu'il soit, marche main dans la main avec le plus grand ou le plus petit des démons. Car il font partis du même système, chaque monde de l'au-delà portant son propre ciel et ses propres enfers. Tout ceci fait partie de la manifestation, et ce ne sont pas les mondes divins.

Après la chute, une partie de la divinité perdue fut sauvegardée en l'homme sous la forme de la particule divine. Certains conservèrent le souffle divin, au moins en partie, et en portèrent les effluves vers la Mésopotamie puis l'Inde dont les anciens rishis furent un temps les dépositaires. La particule finit par être disséminée dans toute l'humanité puis commença le lent retour et la reconquête du divin au sein de l'espèce humaine. Les envoyés célestes et éveillés se multiplièrent. Mais l'homme fit de nombreux amalgames quand il ne dénaturait pas tout simplement le message apporté. d'autant que le mensonge s'était établis dans l'esprit de l'homme, lui ôtant toute possibilité de discrimination. Je ne m'étalerai pas plus sur tout cela.

Vous souhaitez œuvrer pour le divin ? Reconnaissez tout d'abord sa lumière en vous. Ensuite ne la perdez jamais de vue, et laissez-la œuvrer et creuser. Apprenez à collaborer, ce qui est tout un art, il n'y a pas de recette mais autant de possibilités que d'individu, et le divin saura vous inspirer en ce sens si votre aspiration et votre sincérité ne vous quitte jamais. Le reste peut difficilement être décrit dans les livres.

Jean-Michel Jutge

samedi 7 février 2009

L'esprit du figuier

Nous serions étonnés de voir comment la nature, la vie et les éléments se vivent eux-même. Vivre ceci est une chose possible, à travers l'esprit universel de la création.

La pratique de certaines techniques de méditation et d'états de samadhi nous met directement en relation avec la conscience collective, dont certains aspects appartiennent à l'humanité entière, d'autres au règne animal ou végétal etc. Cette prise de contact laisse rentrer en notre esprit les éléments de conscience et de sensibilité des choses avec lesquels l'on entre en contact et par identification l'on devient ceux-ci. C'est-à-dire que l'on peut par exemple devenir un figuier en son esprit après s'être nourri de sa figue et communier avec "l'esprit" du figuier, vivant en soi l'expérience de sa nature.

Je vais illustrer cela par l'exemple : Je suis un jour entré en unité avec un figuier, en mangeant l'une de ses figues. Il possédait une sensibilité extraordinaire du ciel, du cosmos, et de l'environnement immédiat. Il percevait tous les insectes qui grimpaient sur lui, les fourmis, et qui volaient autours. Il ouvrait volontairement ses figues, en don naturel, pour nourrir tout ce beau monde. La figue était excellente, un nectar. Le plus étonnant était cette sensibilité aux rayonnements cosmiques, et la relation particulière d'osmose qui existait entre l'arbre et les insectes au point qu'il choisisait lui-même de les nourrir.

Les végétaux n'ont pas de conscience propre, comme les animaux ou les humains. La seule conscience qu'ils portent est la mémoire de leur génétique. Toutefois, ils ont une grande sensibilité et une vie qui leur est propre, répondant à l'environnement pour le servir. Ils sont très réceptifs à toutes sortes d'énergies et y réagissent très bien..

Percevoir la création de l'intérieur peut être expérimenté par ce que l'on appelle en yoga les techniques de samyama et de samadhi. Ces techniques nous font sentir ou vivre les choses de notre intérieur, et par l'intérieur des choses elles-mêmes. Pour un praticien avancé, le samadhi peut devenir naturel et spontané, et la communion peut apparaître sans être recherché. Mais le samadhi le plus intéressant est celui qui a lieu sur notre propre soi et conscience pour la connaissance de soi, ou sur le divin lui-même pour en explorer sa nature.

Mais il existe encore une autre manière d'explorer la beauté de ce monde et des autres, en chevauchant l'esprit du divin lui-même. Il nous porte alors de l'infiniment grand à l'infiniment petit et au-delà, nous faisant découvrir les choses à travers son regard lui-même.

Jean-Michel Jutge

mardi 20 janvier 2009

Projections et Réel

Le microcosme se construit à l'image du macrocosme qui se projette dans le microcosme. Une limite sépare les deux. L'être humain ne vit que dans son microcosme, même quand il croit vivre le macrocosme. En gros c'est comme si nous étions dans une pièce qui par un jeu de miroir reflète sur un écran ce qui se passe devant la fenêtre et que nous étions assis devant cet écran croyant y voir la réalité alors que ce n'en est qu'une image. Nous ne quittons jamais notre chaise, et nous cherchons à comprendre le monde à travers cet écran.

Dans le monde du rêve nous sommes dans le domaine du microscosme. Lorsque nous dormons, nous repassons tous les films, car tout ou presque est conservé dans le subconscient, et nous montons un nouveau film avec les petits bouts de ceux que l'on a, un film qui nous convient.

Parfois par la fenêtre souffle une brise et nous appréhendons quelques éléments du réel. Parfois encore des êtres rentrent dans notre maison. ils peuvent venir des enfers comme des mondes angéliques, et ils viennent s'agiter devant notre écran, donnant un parfum de cauchemard, ou de nirvana à notre réalité. Mais qui s'est levé de sa chaise et a passé la fenêtre ?

Lorsque nous mourrons c'est encore pire. La maison disparait, il n'y a plus d'écran. Alors nous déroulons tous les films et nous construisons une réalité qui sera celle de leurs projections, cauchemardesque ou bienheureuse selon ce qu'aura été notre vie. Nous construisons notre domaine subtil un peu comme un monde onirique qui prend réalité. Mais il existe beaucoup de variantes à ce scénario. Je ne m'étalerai pas plus pour l'instant.

Parfois certains prennent conscience qu'il sont devant un écran, que tout est leur projection. Ils disent qu'ils s'éveillent. Alors le monde apparait tout entier à l'intérieur de soi, illusion de l'éveillé qui ne voit en fait que sa propre demeure. D'autres fois certains, à force de scruter leur écran pour y découvrir la réalité, tombent de leur chaise. La révélation est brutale. En général ils s'empressent d'y retourner rajoutant leur expérience à leur cinéma. Bien plus rare sont ceux qui se retournent, abandonnant les films et les histoires, ils ne sont plus rien et n'ont plus rien à quoi s'identifier. Alors ils découvrent la fenêtre, et voient poindre à travers elle un monde en 3D.

Et puis il y a celui qui s'est fait arraché de sa chaise, par la main de Dieu qui comme un voleur a violé sa maison, ses croyances et ses espérances. Celui-là s'est fait attrapé par le collet et brutalement s'est retrouvé jeté hors de chez lui. Nul ne peut sortir de sa demeure de lui-même...

L'image de la fenêtre est une analogie qui rend compte de la perception du réel. Celui qui n'est plus rien et ne s'identifie plus à rien n'a plus d'image de lui et perçoit les choses telles qu'elles sont, non à travers une image qui est toujours en 2D. C'est pour cela qu'il fait face à la fenêtre. Il n'y a pas besoin de prendre du recul, il n'y a plus personne dans la pièce, il est lui-même la pièce pour ainsi dire.

Lorsque l'on parle de l'identification, c'est celle de nos constructions mentales et psychiques. Libérez-vous en, et vous ne projeterez plus rien sur le monde. Pour autant le monde ne vous apparaîtra pas forcément transcendant, simplement vous le verrez tel qu'il est en fonction de votre nature, de votre sensibilité, de vos ouvertures. Si vous ne portez pas en vous la 4e, 5e ou 6e dimension, elles ne vous apparaitront pas pour autant.

L'analogie a ses limites. Si l'on ne projette plus on est dans la vacuité, ce qui nous permet de voir devant : un écran vide ; derrière : une fenêtre avec un paysage ; et autour : l'intérieur de la pièce et ses décorations auxquels nous n'avions peut-être jamais fait attention. On n'est libre que de soi.

Quittons un peu cette analogie. Toute brêche réalisé dans notre nature humaine et menant vers un accomplissement possède ses propres illusions. Chaque fois que l'on voit la réalité de manière plus profonde et élargie, croire que l'on voit tout, sais tout etc n'est que relatif avec notre perception antérieure. Et il faut souvent une réalisation plus profonde pour s'apercevoir de notre erreur, et une encore plus profonde pour voir la relativité de toutes les réalisations etc. La plupart tombent dans ce piège, certains recréent même une réalité qui parait plus réelle pour celui qui ne voient rien mais qui est en fait une illusion encore plus grande etc...

A quoi se fier donc ? A rien, nous sommes démunis, la sagesse montre qu'il n'y a pas vanité à accomplir quelque chose, que tout ou presque toutes nos investigations ne sont que des fuites et que le monde est d'un réalisme consternant, d'un existentialisme sans détour, que la vie pour être comprise ne peut être prise qu'à bras le corps, qu'il n'y a pas d'état salvateur, seulement des conséquences à nos prises de conscience et nos restructurations créatrice, que rien ne s'arrête nulle part, et que l'on peut tout expliquer par une chose et par son contraire, mais que la vérité est une et que personne ne peut nous l'enseigner. Comprenne qui pourra...

Jean-Michel Jutge

jeudi 8 janvier 2009

L'amour gnostique

Je voudrais donner quelques précisions sur ce qu'est l'amour qui s'exprime par la Lumière de Grâce, et ce qu'il n'est pas, car nous confondons trop souvent les sentiments, l'amour, l'affectivité, le désir, la séduction etc... et avons tendance à le voir selon nos propres images.

- L'amour dont il est question est gnostique, c'est-à-dire qu'il procède dans et par le Divin.

- Il est à la fois impersonnel et personnel, car il peut être là sans qu'il n'y ait personne, mais peut prendre les formes que la créativité divine lui modèle.

- Il ne se cherche pas lui-même ni ne se trouve, il est une grâce.

- Il prend sa place naturellement dans la relation humaine, sans que nous le sollicitions.

- Il se vit dans l'instant. Si nous cherchons à le poursuivre nous le quittons pour le désir. Si nous nous mettons à le contempler nous passons dans le narcissisme. Si nous le cultivons nous faisons du sentimentalisme.

- C'est par la joie de l'abandon de soi au divin qu'il peut naître, non parce que nous l'avons cherché mais parce qu'il est le résultat naturel de l'unité, et de l'unité avec l'autre, l'unité gnostique.

- Nous ne choisissons pas les chemins et les voies de l'amour divin. Dieu choisit.

- Il n'est pas affectivité et recherche de l'affectivité.

- Il n'est pas là pour nous remplir, même si ce peut être une conséquence.

- Il n'est pas le plaisir et encore moins la séduction, même si le plaisir dans nos vies n'est pas à rejeter. Ne nous laissons pas leurrer par le bien être que cet amour nous amène, car en réalité son expression totale nous demande un renoncement total à tout ce à quoi l'on est attaché et qui ne sert que soi-même.

- Il n'est pas la passion qui nait entre deux coeurs qui se sont reconnus dans leurs attentes mutuelles.

- Il n'est pas la sécurité psychologique ou affective à laquelle tout un chacun aspire légitimement, car les exigences de cet amour peuvent nous mettre dans une insécurité complète.

- Enfin les ruses du mental et du vital chercheront toujours à se saisir de cet amour là, l'utiliser à leur manière, et de tout ce qui peut procéder de la nature de Dieu pour le dénaturer, lui faire perdre sa pureté et sa vertu naturelle.

La transfiguration est la mutation de tout ce que nous connaissons en quelque chose que nous ne connaissons pas encore. En cela l'amour a aussi son rôle à jouer. Mais si le passage de cette mutation peut être agréable, joyeux, bienheureux, il peut tout autant être pénible lorsqu'il s'agit de mettre fin a tout ce qui fait parti du limité, du mensonger et de ce qui fait partis de nos structures naturelles et de nos conditionnements. Et dans ce cas l'amour ne passe pas par la douceur du coeur, mais par la fermeté de l'esprit divin.

Jean-Michel Jutge