lundi 18 juin 2012

La réincarnation



 La conscience ordinaire n’est qu’un état subtil de la matière. C'est le moi ordinaire, le petit moi humain égotique avec ses pulsions vitales et animales. Ce moi n'existe que pour lui-même, il ne peut fonctionner que dans l'affectivité. A la mort de l'individu cette conscience reste avec le corps. Mais il existe une supraconscience de l’esprit, et parfois de l’âme. C'est la partie du moi qui a su se détacher de l'existence, s’élever, et vit libre.

Elle constitue une source de connaissance et d'intelligence spontanée et unifiée, elle reste individuelle et personnalisée, unique et différente pour chaque individu, on peut l'appeler le soi supérieur dans le cas d’une supraconscience de l’esprit, vivant dans la vacuité et la lucidité, ou le soi divin lorsque cette unité s’est faite avec l’âme. 

Ce soi-là part avec l'esprit, l'âme et la particule divine au moment du décès. Il survit non seulement à la première mort du corps physique mais aussi à la seconde mort, celle du corps astral si celle-ci a lieu. Quant à la mort de la sphère mentale, elle se fait en partie avec celle du corps physique, puis en partie avec celle du corps astral. Le mental qui subsiste alors n'est plus que la partie du mental illuminé, et ne fonctionne d'ailleurs pas comme la pensée du cerveau.

C'est le mental intégré dans la sphère supraconsciente, une conscience/énergie qui est vacuité et possède un pouvoir créateur. L'ensemble esprit/supraconscience forme la trame de ce que l'on appelle couramment le corps subtil, les aspects purement divins constituant le corps causal ou corps divin.

Voyons maintenant ce qu'il se passe après le décès. Rien de tout ce qui est décrit ici et qui existe sur le plan de l'individualité ne se réincarne. Mais la conscience, comme la nature de l'être, ou l'énergie, étant communicatives, rien n'empêche à ce que cela puisse, par empathie ou d’autres mécanismes, nourrir d'autres entités individuelles, qu'elles soient incarnées ou non. Par exemple un transfert de personnalité supraconsciente ou animique est chose courante mais ne met pas fin à la personnalité d'origine qui reste rattachée à l'esprit ou la particule d'origine. 

Elle la duplique simplement pour les parties communiquées et, en théorie, pourrait se dupliquer un grand nombre de fois, sans perte aucune pour l'entité d'origine, et même avec un gain de croissance, car l’échange et le partage a lieu en général dans les deux sens, un tel transfert ne peut se faire sans une interaction. Pour exemple et pour ceux qui en doutent, j'ai ainsi pu rencontrer le lama Kalu Rimpoché, qui reste l'un de mes initiateurs, dans une existence désincarnée, glorieuse, et sous les traits de son existence physique, alors même que la tradition bouddhiste se disputait l'héritage de sa réincarnation. Je pourrais multiplier les exemples.


Les individus décédés avec peu de développement d'âme ou de supraconscience se retrouvent vides après la mort astrale et finissent en général à l'état de spectres sous le pouvoir des seigneurs de l'astral. Seul un pouvoir supérieur peut alors les libérer. Par la Grâce de Dieu, souhaitons qu'un tel pouvoir pénètre un jour toutes les sphères basses de l'astral. Mais cela ne pourra arriver que dans le sillage de l'homme divin.

On ne peut parler de réincarnation de l'Être, car cela voudrait dire qu'à un certain moment, il se détache de ses racines absolues. Si l'Être se détachait de ses racines, ce serait comme un fleuve qui se tarit car il n'aurait plus de source. Si l'on doit envisager un concept de réincarnation, ce ne pourrait être que sur le plan de la conscience, de l'énergie, ou de tout agrégat non individualisé.

Mais certainement pas la partie de la conscience dans laquelle l'Être s'est manifesté et qui constitue alors une supraconscience dans l'éternité, c'est à dire hors du temps et de l'espace. Et ce ne pourrait être que certaines parties de la conscience individuelle pouvant migrer d'un esprit à l'autre à travers la conscience collective, cette migration pouvant se faire d'ailleurs et sous certaines conditions à n'importe quel moment de la vie, mais ne pouvant constituer l'individualité propre et centrale de chaque individu autour de laquelle ces parties se greffent.

Par ailleurs l'identité de forme existant entre notre âme personnalisé et notre corps physique montre bien que cette âme s'est construite sur ce creuset-là et non dans celui d'un autre corps. Ce qui réfute là aussi l'argument de la réincarnation pour l’âme. L'éternité se construit ici et maintenant, en se créant un corps divin, un corps de lumière individualisé, une mise en œuvre du développement de notre âme, de l'être intérieur qui, en se personnalisant, nous rend nous, en tant que X, éternel.

Ainsi ce qui se réincarne ce n'est pas nous, ce seront nos énergies, nos agrégats de conscience, ou les éléments non personnalisés de notre être, qui se disperseront et pourront éventuellement se greffer sur d'autres corps. Ainsi d'autres individus pourront profiter de ce que nous avons acquis, mais ce ne sera pas nous. Pour globaliser, c'est l'information qui peut se réincarner, sur n'importe quel plan qu'elle se trouve, et non l'individualité.

Jean-Michel Jutge

1 commentaire:

jeanpdazuro a dit…

C'est rare de lire une explication aussi pertinente sur le sujet , tant incompris, de la renaissance.

Et, en effet, ma propre intuition me persuade que nous sommes venu au monde que cette fois-ci; que nous sommes relié à une partie intemporelle; que les témoignages sur les vies antérieures sont des erreurs d’interprétation (mémoire collective à laquelle peuvent se connecter certains , s'appropriant quelques éclairs de souvenirs comme si c'étaient leurs propres souvenirs personnels).

Mon seul regret est qu'Aurobindo et Mirra n'est pas communiqué réellement sur ce sujet.(laissant croire à l'existence d'un être psychique évoluant de vie en vie).