mardi 12 janvier 2016

L'amour est cette flamme



Il y a un lien entre la mort intérieure, l’amour, et le temps. Pour comprendre ce lien, il est nécessaire de comprendre comment se construit le moi, et quel est le mécanisme inverse, sa dissolution. Le moi ou le soi c’est la même chose. Comprendre, dans le sens utilisé, n’est pas un acte intellectuel, sinon nous ne faisons que construire. C’est une perception de l’intelligence.

Construire est un mécanisme naturel de la prise de conscience et de l’apprentissage. Dissoudre c’est intégrer, et intégrer c’est vivre dans l’intelligence, la supraconscience, la lucidité. Les deux mécanismes ne sont pas complémentaires, ils sont distincts et doivent fonctionner de concert, car être intégré c’est être adulte. Une conscience non intégrée existe sous l’aspect du moi et reste donc infantile, avec toutes les souffrances et illusions que cela entraine. Lorsqu’on a compris les deux mécanismes, et qu’il n’y a plus de temps entre la création du moi, la prise de conscience, et son intégration, alors il y a l’amour.

 L’amour est cette flamme, ce feu qui nait de la combustion du moi, hors du temps, car chaque nouvel évènement, celui de notre existence perpétuelle, n’a plus le temps de construire le moi, et passe directement dans la nature supraconsciente de soi, de l’âme ou de l’intelligence. Comprendre donc la nature du temps, du temps intérieur j’entends, est donc nécessaire pour que cet amour naisse. Et il est la seule réponse intelligente à la souffrance du moi. Voilà le sens de cette phrase. Mais je ne sais pas si je m’exprime clairement.

Jean-Michel Jutge

2 commentaires:

Unknown a dit…

Tout vos textes sont très puissants, en référence à mon expérience, j'ai l'impression que ce n'est pas le moi qui est dissout car le moi est une instance de la manifestation de la conscience dans l'incarnation mais les empreintes du moi (psychologiques, karmiques, transpersonnelles ...), les empreintes qu'il porte et auxquels nous sommes identifiés.
Toujours en rapport à mon expérience, la capacité et le travail fait pour que le mental concret se laisse imprégner par une vibration plus subtile donne naissance à en quelque sorte une présence qui se substitue de temps en temps au début puis progressivement de plus en plus au moi historique (historique dans le sens de fruit de l'histoire personnelle). Pour reprendre votre texte, cette présence n'a pas besoin ou peu besoin de construire, de s'approprier. Dans son aspect vibratoire le plus subtil, elle vit l'amour qui dans son essence est le rapport intime à la source(lumière des origines). Elle est une sorte d'interface entre notre nature essentielle et le plan de manifestation dans l'incarnation. Elle n'est pas entravée par la densité du moi historique.Je ne sais pas non plus si je m'exprime clairement ...
Merci

Unknown a dit…

Ces questionnements ne sont pas des spéculations intellectuelles. Je vis une période dérangeante, qui nécessite de brûler et dissoudre de multiples attachements. Dans mon expérience, la manifestation de cette Présence qui a été progressive a été d'une joie immense, j'ai pu dire qu'à partir de ce temps, je ne me suis plus senti seul ...Aujourd'hui, cette présence demande plus, toucher l'avant garde de la lumière divine nécessite quelques travaux dans la structure (lol). Au chapitre 18 de "La pesanteur et la grâce" Simone Weil écrit "Dieu s'épuise, à travers l'épaisseur infinie du temps et de l'espèce, pour atteindre l'âme et la séduire. Si elle se laisse arracher, ne fût-ce que la durée d'un éclair, un consentement pur et entier, alors Dieu en fait la conquête. Et quand elle est devenue une chose entièrement à lui, il l'abandonne. Il la laisse complètement seule. Et elle doit à son tour, mais à tâtons, traverser l'épaisseur infinie du temps et de l'espace, à la recherche de celui qu'elle aime. C'est ainsi que l'âme refait en sens inverse le voyage qu'a fait Dieu vers elle. Et cela, c'est la croix."

Je n'arrive pas dans l'instant à faire le pas, à m'engager dans ce désert (vu ainsi de ma position actuelle),même si je sais profondément qu'une certaine fleurs ne peut éclore que dans cette solitude qui n'est pas un isolement. Il me faut en quelque sorte faire mes bagages pour ce voyage intérieur et je crois encore que je peux emmener des valises !