dimanche 11 décembre 2011

Le sens de l'existence

Les gourous, maîtres en tout genre, prophètes ou avatars n’ont pas changé ce monde. Si c’était le cas cela se verrait. Toutefois certains ont fait de grandes choses, on connait l’action de Sri Aurobindo et de La Mère, ou les exploits d’autres prophètes et avatars.

Mais la spiritualité du monde est encore en devenir, l’humanité divine reste à accomplir. Pour cela il faudra l’action de chacun, ce n’est pas un homme seul qui pourra changer les choses, mais la réponse de l’humanité aux sollicitations de l’absolu qui ne cesse de se manifester et de l’appeler à la transcendance depuis des milliers d’années. Croire que le passage d’un seul, aussi grand soit-il, suffira à faire basculer les choses est une utopie si le reste de l’humanité ne répond pas à l’appel Divin qui est éternel et universel.

Car il y a le fait des manifestations divines, et il y a ce que les hommes en font. La spiritualité ne se vit pas tel on ferait de la politique. La vérité ne s’impose pas comme un étendard pour marquer des points ou un territoire, ce qui la nierait. Beaucoup de religions ont fait cela, elles n’ont pas amené l’homme à se transcender. La spiritualité comme la vérité se révèlent au plus profond de notre être et nous rend libre des systèmes, des gourous et des querelles de clocher. Elles sont nourries par l’Intelligence divine et s’inscrivent au plus profond de notre cœur.

Néanmoins, si la plupart des individus ont une vision toute personnelle de la spiritualité, ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas, conditionnée par leurs références, croyances, parcours et expériences, il n’y a pas de jugement à avoir là-dessus. Cela découle de la nature même de nos structures, celles-là même qu’il est nécessaire de faire évoluer. Le reconnaître et en rendre compte réclame beaucoup d’ouverture, d’abandon de soi, d’humilité. Chacun ne peut partir que de ce qu’il est.

Et donc comprendre le sens de la vie de l'homme ne peut se faire sans la conscience de sa vraie nature et vocation. Et celle-ci doit se replacer dans un contexte global d'évolution, il ne sert à rien de chercher le sens de la vie d'un point de vue individuel. En effet, l'individu n'existe la plupart du temps que d'un point de vue personnel.

Il est tourné vers lui-même, ses propres désirs et besoins de sécurité, sa recherche de confort et de plaisir, sa lutte contre la maladie, la dégénérescence et la mort qui finissent immanquablement par le rattraper. Pas de réponse de ce côté-là, ce schéma, chacun le connait, et la recherche de bonheur que l'on applique sur lui et toute la respectabilité qui l'entoure ne sont qu'un artifice mensonger et illusoire visant à nous endormir. Cette réalité-là est terrible, pourtant nous y succombons bien trop souvent, et même la plupart s'en contenteraient si la vie ne venait nous rappeler, à sa manière, que ce n'est qu'une impasse. Quittons donc ce chemin pour voir s'il n'y a pas autre chose.

Les religions, la pensée humaine, les mystiques et la philosophie ont tenté de trouver une réponse. Le problème est que la plupart du temps tous ces systèmes se sont enfermés sur leurs idées, croyances et dogmatismes, ou même sur leurs réalisations. Non pas qu'ils n'aient pas apporté quelques semblants de réponses, mais l'homme de par sa nature a rarement su dépasser son anthropomorphisme, même après avoir pu toucher de près la vérité. On voit jusqu'où l'absurdité et l'horreur de cela nous mène lorsqu'on en arrive à la violence jusqu'à tuer au nom même de Dieu.

Pourtant parmi tous ceux qui se sont lancé dans cette recherche certains ont pu toucher des sommets d'illumination, d'amour, de vérité. Mais force de constater que l'humanité dans son ensemble est toujours aussi barbare, les guerres, les moyens de destruction, les famines et la maladie, le manque de partage et d'entraide font toujours partie de notre monde.

Toutefois il semblerait qu'un mouvement planétaire émergeant tend à faire évoluer les choses. Les peuples prennent de plus en plus conscience de leur interconnexion et une conscience planétaire se développe, certainement aussi en partie parce que les distances sont abolies, par les transports et les idées qui peuvent faire le tour du monde très rapidement. Pour exemple ce texte qui a déjà été lu en différents points du globe. Mais cela ne suffira pas pour que l'homme s'axe vers sa véritable vocation. Pour cela il faudra que de l'idéal personnel, il découvre sa nature profonde et animique, celle qui en fera plus qu'un animal intelligent et civilisé.

C'est bien dans cette nature animique que se trouve la réponse à cette véritable question, la raison de la vie, le sens de l'existence humaine, de l'existence tout court. Et cette réponse ne sera pas unique, car chaque être possède en son essence une part de vérité, qui fait de chacun un être unique et original, aux potentialités multiples.

Imaginons quelques instants toutes ces potentialités mises bout à bout, toutes ces vérités s'unifiant dans une communication libre et aimante, l'humanité basculerait rapidement sur une nouvelle terre, la même, mais qui du charbon deviendrait un joyau brut et étincelant. La joie serait totale, et l'homme trouverait rapidement une solution à tous ses problèmes, les problèmes matériels, existentiels, et même une réponse à la mort qui effraie tant notre animalité consciemment ou non.

Ceci n'est pas une utopie, c'est le destin de l'homme. L'humanité y arrivera et aurait pu y arriver déjà s'il n'y avait l'obstination structurelle de conserver sa nature actuelle, conflictuelle, limitée et dominatrice. Toutes les forces vives de la création et de l'incréé qui peuvent agir dans ce sens sont déjà à l’œuvre. Mais le travail est considérable.

Arriver à se changer soi-même ne serait-ce que pour commencer à ouvrir les yeux réclame une attention et un travail constant et journalier. Mais si cela n'est pas entrepris, quel sens donner à la vie ? Avoir plus de bien matériel ? Le confort ? L'amour et la reconnaissance de l'autre ? Assouvir ses plaisirs ? Trouver le bonheur ? Ne dites pas non, pour la plupart d'entre nous c'est cela que nous recherchons. Alors ça commence par-là, comprendre ce qu'est cette entité tellement impliquée vis à vis d'elle-même, et vis à vis d'elle-même à travers les autres.

Jean-Michel Jutge

Aucun commentaire: