Etre l’autre dans l’unité des âmes n’est pas un processus d’identification qui passe par l’esprit ou la conscience, bien que la conscience doit elle aussi pouvoir trouver son unité. C’est un processus de l’âme. L’unité de l’âme nécessite certes une disponibilité intérieure qui ne peut avoir lieu que dans la liberté de l’esprit, même si celle-ci n’est que ponctuelle.
L’âme dans cette unité touche, goûte à ce avec quoi elle est en contact, s’en imprègne et devient cela en essence. Au point que l’âme existe alors dans les choses qu’elle a touché et goûté. Ainsi elle existe et pose sa présence partout où elle se développe. Ce qui constitue aussi une pénétration du Divin dans la forme et le temps, Lui qui est au-delà des formes et du temps.
L’amour entre deux êtres qui nait de cette communion fait que nous devenons l’autre et existons aussi dans l’autre, non pas par identification, mais parce que nous partageons alors avec l’autre quelque chose qui est de la nature de l’absolu, du divin, et en même temps de la nature du personnel. Cet amour lie les êtres de manière beaucoup plus puissante et intemporelle que l’amour humain que nous connaissons, qui se tisse et se défait au gré de nos conditions.
Et lorsque notre âme devient universelle, nous pouvons sentir battre dans notre cœur le cœur de toute l’humanité, et la présence de toutes les âmes, indépendamment des cultures, des conditionnements, des personnalités. Comment ne pas se sentir alors solidaire de toute l’humanité. Cet amour ne se cultive pas mais il grandit à travers notre propre développement intérieur.
Jean-Michel Jutge