mercredi 11 janvier 2017

L' Amour


L’amour est essentiel dans la relation humaine, il en est le lien. Sans ce lien il n’y a pas de relation. Mais il ne s’agit pas ici de cet amour sentimental après lequel beaucoup courent, qui n'est que sensualité du cœur, bien qu'il peut avoir aussi sa part dans la vie. L’amour dont on parle est celui qui nous fait vivre l'autre comme soi-même, nous rend concerné par sa misère et sa prison, nous met en relation avec sa beauté, et nous sort totalement de l'égoïsme, solidaire de toute l'humanité. 

Il nous arrive de vivre cet amour, à de rares moments, lorsque nous sommes en unité avec l’autre, ou en unité avec la beauté de l’existence. Et lorsque cette unité disparaît nous prenons conscience de ce qu’elle a été, par contraste, il n’en reste plus qu’un parfum qui finit par s’étioler. Alors nous vivons de sentiments. Les sentiments sont à l’image de l’amour, mais comme tous les éléments du moi ils ne sont qu’un reflet du réel. Pour vivre le réel, nous devons sortir de l’image.

L’égoïsme c’est lorsque l’image a pris tellement d’importance qu’elle devient l’autorité. L’ego n’est rien d’autre que l’autorité de soi, celle qu’on s’impose et qu’on impose aux autres, légitimement et de manière totalement justifiée, sans se rendre compte que quoi que l’on fasse nous sommes toujours au centre. C’est cela la séparation. Tant qu’il y a un centre qui vit les choses, il y a séparation, il n’y a pas d’unité, donc pas d’amour, l’amour étant aussi la flamme qui naît de l’unité, de la communion et qui brûle sans que nous nous y attachions.

Mais la flamme ne brûle jamais autant que lorsqu'il y a unité entre deux êtres. Nous devenons alors l’autre, et si cette unité a lieu avec Dieu, nous devenons alors Dieu, le vivant dans notre propre âme. L’amour entre les hommes est à l’image de ce que peut être l’amour avec Dieu. L’âme est toujours concernée. Et si nous sommes capables de cela, c’est bien grâce à sa présence.

Tout se résout donc dans le moi. Jusqu'à ce que nous sortions du temps, et qu’il n’y ait plus de temps entre l’action, la création du soi, et son intégration. Ce qui constitue le mécanisme de mort intérieure sans lequel il ne peut y avoir de renouvellement.

Jean-Michel Jutge